Kankan : Un professionnel plaide pour le renouveau du secteur agricole en Guinée
Kankan – Dans un entretien exclusif, M. Khali Kouyaté, coordinateur national de l’Association guinéenne pour la sécurité et la souveraineté alimentaire, et consultant international en analyse des filières agricoles, a retracé l’évolution du secteur agricole guinéen tout en proposant des pistes de solutions pour l’avenir.
Selon M. Kouyaté, l’histoire de l’agriculture en Guinée est marquée par des périodes de centralisation et de libéralisation.
“Si l’on remonte au premier régime, sous Sékou Touré, l’économie était fortement centralisée, y compris dans le secteur agricole. Malgré les difficultés, des résultats notables ont été obtenus grâce à des politiques axées sur l’autosuffisance alimentaire. À l’époque, les importations de riz étaient limitées à environ 50 000 tonnes, principalement pour des zones industrielles comme Boké et Fria, le reste étant couvert par la production nationale,” explique-t-il.
Cependant, M. Kouyaté souligne que la situation a changé après 1984 avec l’adoption de politiques libérales qui, bien que justifiées, ont compromis la souveraineté alimentaire.
“Les importations de riz ont explosé, envahissant le marché au détriment de la production locale. Les politiques agricoles étaient bien pensées, mais leur mise en œuvre a souvent laissé à désirer. Le problème réside principalement dans la gestion, tant au niveau des décideurs que des acteurs du secteur.”
Il critique également la gestion des intrants agricoles, en particulier les engrais.
“Tant que ce secteur ne sera pas privatisé, comme c’est le cas dans plusieurs pays africains, nous continuerons à rencontrer des problèmes. De nombreux leaders des organisations paysannes se préoccupent davantage de leurs propres intérêts que de leur production,” déclare-t-il. Pour lui, sans une réforme de ce système, l’autosuffisance et la souveraineté alimentaires resteront hors de portée.
M. Kouyaté se dit également préoccupé par le manque d’invitation à des événements clés, tant à Kankan qu’à Conakry, malgré son expérience.
“Je me pose des questions sur les montants investis dans cette organisation, d’autant plus que certaines recommandations ne semblent pas pertinentes. Il serait plus judicieux de consacrer ces ressources à des actions concrètes, comme l’aménagement des terres et l’accompagnement direct des véritables acteurs de terrain,” propose-t-il.
Selon M. Kouyaté, les politiques agricoles en place sont bonnes, mais leur efficacité dépend de la nomination de personnes compétentes aux postes clés.
“Les conditions climatiques et écologiques en Guinée sont favorables. Les producteurs sont prêts à travailler, mais l’encadrement général est déficient. Tant que nous ne résolvons pas ce problème, le secteur agricole ne progressera pas comme il le devrait,” conclut-il.
M. Kouyaté appelle donc à une prise de conscience collective et à des actions concrètes pour revitaliser le secteur agricole en Guinée, essentiel pour garantir la sécurité alimentaire et le développement durable du pays.
Facely SANOH