AfriqueAgriculturePolitiquesProjet

Échange sur le journalisme agricole dans l’espace CEDEAO

Aujourd’hui, le constat est qu’en-dehors de l’État, il y a des structures et de nouveaux acteurs comme les médias qui ont une place très importante dans le conseil agricole. L’agriculture est le socle de l’économie nationale en Afrique, mais la majorité des acquis des recherches est moins vulgarisée.

L’intégration des médias thématiques agricoles comme acteur clé dans les politiques publiques agricoles pour servir de grand relais auprès des acteurs de chaînes de valeur agricoles se pose souvent dans l’espace Afrique francophone.

« Souvent, la pertinence et la qualité des sujets abordés par les médias ne sont pas adaptées aux réalités locales du pays », reproche d’entrée Zerbo Lawdou Elielle Cherifa, une technicienne agricole au Burkina Faso.

Malgré les critiques, les médias dans leur rôle de vecteur d’information parviennent à sensibiliser et à éduquer les agriculteurs avec les moyens à disposition et parfois, le peu de connaissances qu’ils ont sur le secteur.

Conscients des enjeux de développement et de contribution à la sécurité alimentaire, les acteurs des médias identifient les défis liés à l’accès à l’information agricole et la diffusion des données dans les langues du terroir pour enfin permettre aux récepteurs-agriculteurs d’être mieux informés et prendre des décisions éclairées.

Unanimement, les participants ont suggéré qu’il faudrait trouver des systèmes ou modèles de retranscription en langues locales des fiches techniques, les acquis des recherches et les technologies agricoles.

Le directeur de publication du Canard déchaîné au Niger, Amadou Gare a insisté sur l’importance de traduire les informations agricoles dans les langues locales pour la compréhension de façon plus simple du contenu des rapports scientifiques et les rendre plus pratiques aux agriculteurs.

« C’est le seul moyen pour que l’information agricole puisse être accessible aux acteurs, car le taux d’alphabétisation est très élevé dans plusieurs pays africains », ajoute M. Garé.

Pour renchérir, Edgar ASSEMIEN directeur général de Green Média en Côte d’Ivoire a partagé quelques expériences de ses dernières couvertures en Pologne et en Corée du Sud.

« En Pologne, Corée du Sud les paysans ont accès à leurs smartphones. Ils savent lire et écrire au point où quand ils sont même à la maison, ils contrôlent toutes leurs productions », renseigne –t-il.

De par cette expérience, il poursuit que les médias francophones ont également un rôle de sensibilisation et de mixage dans l’alphabétisation des paysans, faire le partage pour que les gouvernements et ONG puissent contribuer à l’alphabétisation des agriculteurs et que chaque agriculteur puisse avoir un smartphone pour s’informer.

Dans la même veine, Ayékotchami Jacques Dossou, directeur du journal la Plume verte au Bénin, ajoute qu’il faudrait avoir dans les pays une langue locale reconnue, comme dans les autres pays et que tous les agriculteurs maîtrisent.

« Cela permettra de mettre en place un système NTIC d’alerte adapté aux besoins des agriculteurs. Cette technologie, qui va pouvoir être accessible, permettra d’informer, d’assister et de conseiller les paysans sur leurs productions agricoles », fait-il savoir.

D’après lui, les agriculteurs âgés n’auront plus nécessairement besoin d’apprendre à lire et à écrire forcément avant de s’informer, mais ils pourront questionner directement la technologie dans la langue locale s’ils rencontrent un problème et ils recevront instantanément une réponse.

Plaidoyer pour une formation soutenue

Certains participants ont relevé la non-existence d’un cadre au niveau national qui regrouperait les acteurs du conseil agricole pour qu’il ait une gouvernance concertée des acteurs.

Ravis d’avoir participé aux échanges, les participants ont plaidé pour un renforcement des compétences à travers des séries de formation soutenues par les organisations internationales et partenaires en développement.

« Il faut que les conseillers et chercheurs qui sont des spécialistes puissent organiser des séances de formations sur les thèmes techniques agricoles pour mieux outiller les journalistes agricoles afin que ceux-ci puissent nous informer davantage », lance Komlan KADZAKADE, le représentant des agriculteurs.

Aniss Ben Rayana, responsable de la rubrique agriculture sur la radio Express Fm en Tunisie, a par exemple suggéré l’institutionnalisation d’une plateforme d’échange pour renforcer les liens de collaboration entre acteurs médiatiques et les autres acteurs de la vulgarisation agricole (les conseillers, les chercheurs et les agriculteurs).

« À défaut de s’appuyer sur un média agricole déjà bien assis. On peut avoir un instrument de communication transnationale qui pourra faire des acteurs de la presse agricole des puissants leviers pour impacter la production agricole dans nos différents pays », insiste Elthon DJEUTCHA, promoteur du média Akévanews au Cameroun.

Un forum en ligne à succès

La rencontre a été une occasion pour les médias francophones du continent de s’échanger entre eux pour trouver des solutions aux problèmes qu’ils affrontent au quotidien.

« La création et la formalisation d’un tel réseau d’interaction entre tous les acteurs permettra de taper aux bonnes portes pour soutenir les recherches de financement en faveur de nos journaux agricoles », suggèrent les professionnels de médias.

Au niveau de la base avec les coopératives agricoles, il faudrait aussi des partenariats avec ces acteurs, faire un plaidoyer pour pouvoir mettre en avant toutes les informations qu’on souhaite.

De plus, pour aller faire des études sur le terrain, il faut réfléchir à développer un partenariat fiable avec les acteurs de la recherche, car toutes les dépenses ont un coût à supporter par le média.

Il a été suggéré de faire un plaidoyer au niveau de tous les projets et programmes sur le terrain dans le secteur agricole afin de créer de très bons contenus qui pourront trouver de l’intérêt chez les acteurs agricoles.

Réinventer les types de transmission de l’information, les variées ci-possible, car aujourd’hui, à l’ère des réseaux sociaux, on peut communiquer de différentes manières.

« Si les médias arrivent à bien mettre la lumière sur nous qui sommes au niveau de la production agricole, nous pourrons également les soutenir dans leurs recherches d’informations », promet Prudence AIGNON, spécialiste en solution de systèmes d’irrigation au Bénin.

En conclusion, les médias thématiques agricoles d’Afrique ont un grand rôle à jouer pour faciliter l’accès de l’information à tous les agriculteurs.

Une technologie d’alerte en langue locale comme soulignée par les acteurs pourrait permettre aux agriculteurs de recevoir directement sur leurs téléphones des informations (météo, cotation, intrants, etc.) et ils pourront soumettre leur problème pour recevoir des conseils adaptés à leurs localités.

L’édition 2024 du forum de la presse agricole en Afrique s’est clôturée sur une note de satisfaction exprimée par les premiers dirigeants de la référence africaine Agridigitale qui ont pris l’initiative depuis 2023 d’initier cette messe annuelle des médias agricoles.

AGRIDIGITALE

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *